- ORISSA
- ORISSAORISSAÉtat de la république de l’Inde, situé au nord-est de la péninsule, et traversé d’ouest en est par la vallée de la Mahanadi, l’Orissa s’étend sur 155 707 kilomètres carrés, avec une population qui s’élevait à 31 659 736 habitants lors du recensement de 1991. Sa densité de 203 habitants au kilomètre carré, inférieure à celle de l’Inde (267 hab./km2 en 1991) s’explique par le peuplement assez faible des régions intérieures, qui contraste avec les fortes concentrations humaines du delta de la Mahanadi, en bordure du golfe du Bengale.L’Orissa constitue une unité historique ancienne. Le nord-est du Deccan entre, en effet, dans l’histoire sous le nom de Kalinga, dernier royaume conquis par l’empereur maurya A ごoka (\ORISSA 255), conquête particulièrement sanglante qui aurait amené son auteur à embrasser la foi bouddhique non violente. Le Kalinga est ensuite connu par son roi, Kharavela, qui, à l’époque du premier souverain shunga, aurait contribué à repousser l’invasion des Grecs de Bactriane (\ORISSA 176). Puis la région retombe sous la domination politique du Nord et se divise sur le plan linguistique: seul le Sud reste dravidien (de parler télougou ou andhra), tandis qu’au nord du seuil du Mahendra l’aryanisation l’emporte, avec la constitution de l’oriya, langue du pays d’Orissa (ou Utkal). Aux VIIe et VIIIe siècles règnent en Orissa les Somvamsi; viennent ensuite les Kesari qui dominent aussi le Kalinga. Et finalement les Ganga dits orientaux, cousins de ceux du Karnataka, deviennent à leur tour «seigneurs des Trois-Kalingas et d’Utkal». Ils ne succombent sous les coups des musulmans qu’en 1568, après avoir favorisé la floraison des temples de Bhubaneshvar et fait entreprendre celui, grandiose, de Konarak.C’est le delta de la Mahanadi qui a servi de base à la puissance oriya, l’intérieur faisant figure de région marginale; l’opposition entre la côte et l’intérieur constitue une des principales caractéristiques de l’Orissa. Le delta est bordé, au sud et au nord, par des plaines côtières plus étroites (plaine de Balasore au nord et plaine de la basse Rushikulya au sud). Les pluies y sont abondantes, la moyenne annuelle étant de 1 300 millimètres, avec une saison humide de plus de six mois. L’irrigation à partir de la Mahanadi est ancienne; le gouvernement fédéral a fait construire l’immense barrage-réservoir de Hirakud, qui a beaucoup régularisé les apports d’eau. Tout cela explique que les plaines littorales soient une grande région de riziculture. L’État possède d’ailleurs l’Institut central indien de recherche sur le riz. La côte produit aussi des millets, de la canne à sucre, des plantes oléagineuses et possède des industries textiles à Cuttack et à Paradeep, un port exportateur de minerai de fer et de manganèse vers le Japon, situé à l’embouchure de la Mahanadi. La perte du Bengale oriental a cependant amené les Indiens à faire un effort pour développer la culture du jute dans l’Orissa, où cette plante trouve des conditions naturelles favorables (elle est traitée dans des usines de Calcutta qui sont à proximité).Il est curieux de constater cependant que cette région fait figure de région économiquement en retard par rapport aux conditions moyennes de l’Inde. La productivité de l’agriculture, qui s’est pourtant accrue depuis l’indépendance, n’est pas encore à la mesure de la densité de la population. Il est possible que cette situation s’explique essentiellement par des facteurs sociaux. La structure de la propriété y est particulièrement inégalitaire, et les propriétaires opèrent un prélèvement très important sur les récoltes, sans pour autant faire de grands efforts d’investissement. Il est significatif, à cet égard, que l’Orissa ait fait partie de la présidence du Bengale, où le système zamindari a été appliqué avec beaucoup de vigueur. Or ce système a été l’un des facteurs de blocage du progrès agricole en Inde. (Les principales villes de l’État sont situées dans la région littorale, notamment la capitale politique et culturelle, Bhubaneshwar, où le gouvernement fédéral a fait des investissements industriels, servis par la production hydroélectrique du barrage de Hirakud.)L’Orissa intérieur est beaucoup moins peuplé et peu mis en valeur. Cette situation ne doit rien au climat, car la région est abondamment arrosée, et la culture du riz possible sans irrigation. Mais l’ensemble est constitué de plateaux et de moyennes montagnes, portés par des roches du complexe granito-gneissique de la péninsule. La circulation a donc toujours été difficile, et, surtout, les sols sont médiocres: les pluies abondantes ont favorisé la formation sur les gneiss de sols rouges latéritiques, peu productifs.Ces conditions expliquent que la région ait assez peu attiré les paysans hindouistes, et qu’elle ait largement servi de refuge à des tribus appartenant au fonds de population préaryen de l’Inde. Ces populations pratiquent encore un système de culture fondé sur la longue jachère, qui ne permet pas des densités de peuplement importantes. L’Orissa intérieur possède pourtant quelques ressources. Certains bassins et la vallée de la Mahanadi ont une agriculture permanente un peu plus efficace. Le gouvernement a fait un effort pour protéger les forêts et les exploiter rationnellement, ce qui n’a d’ailleurs pas été sans créer des difficultés avec les agriculteurs itinérants. Enfin, il existe quelques centres industriels, généralement créés à l’initiative fédérale, dans le secteur public. Des usines d’engrais et d’aluminium ont été implantées près des barrages de Hirakud et de Machkund, et, surtout, une grande usine sidérurgique installée à Rourkela, site qui présente l’avantage d’être assez bien relié à Calcutta, et proche de gisements de fer.L’Orissa ne manque pas de ressources naturelles (minerai de fer, bauxite, manganèse, houille), mais il demeure une des régions le plus attardées de l’Inde, en raison de ses structures sociales et aussi, sans doute, d’une nette instabilité politique.
Encyclopédie Universelle. 2012.